Page:Hémon - Maria Chapdelaine, 1916.djvu/242

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entra, portant le Saint-Sacrement de ses deux mains levées. Maria et Tit’Sèbe s’agenouillèrent ; Tit’Bé courut fermer la porte, puis se mit à genoux aussi. Le prêtre retira sa grande pelisse de fourrure, la toque poudrée de neige qui lui descendait jusqu’aux yeux, et s’en alla vers le lit de la malade sans perdre une seconde, comme un messager porteur d’une grâce.

Oh ! la certitude ! le contentement d’une promesse auguste qui dissipe le brouillard redoutable de la mort ! Pendant que le prêtre accomplissait les gestes consacrés et que son murmure se mêlait aux soupirs de la mourante, Samuel Chapdelaine et ses enfants priaient sans relever la tête, presque consolés, exempts de doute et d’inquiétude, sûrs que ce qui se passait là était un pacte conclu avec la divinité, qui faisait du Paradis bleu semé d’étoiles d’or un bien légitime.

Après cela le curé de Saint-Henri se chauffa au poêle ; puis ils prièrent encore quelque temps ensemble, à genoux près du lit.

Vers quatre heures, le vent sauta au sud-est, la tempête s’arrêta aussi brusquement qu’une lame qui frappe un mur, et dans le grand silence singulier qui suivit le tumulte, la mère Chapdelaine soupira deux fois, et mourut.