Aller au contenu

Page:Hériot - Une âme à la mer, 1929.pdf/139

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
goélette ailée

Les pêcheurs me montrent des milliers de kilos de poissons, de toutes tailles, de toutes sortes, qui emplissent les soutes du chalutier. Je pirate aussi pour l’équipage et j’emporte un grand panier contenant soles, turbots, plies, maquereaux, merlans tout glissants et blancs. Je suis joyeuse de ma belle prise ! Ailée évolue doucement sous ses sept voiles.

Qu’elle est belle ! je ne l’avais pas encore vue ainsi.



Les vagues énormes se bombent, se renversent, et battent la grève, puis se retirant, aspirent, entraînent et roulent les galets avec le sable.

Ô la chevauchée pressée des crêtes blanches, des cavales échevelées.

Sans répit, sans reprendre haleine, elles recommencent leur galop frénétique.

Oh ! la mer hurle ce soir !

Le vent emporte toutes ces voix qui se lamentent et il accompagne la grande rumeur de la mer démontée.

Je n’ai écouté cette nuit-là que la mer en furie, le monde me paraissait lointain et petit à côté de sa grande colère.

Son sublime mécontentement ébranlait la terre.