Page:Hérodote - Histoire.djvu/44

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avoir d’enfants de sa nouvelle femme, il n’avait avec elle qu’un commerce contre nature. La jeune femme tint dans les commencements cet outrage secret ; mais dans la suite elle le révéla de son propre mouvement à sa mère, ou sur les questions que celle-ci lui fit. Sa mère en fit part à Mégaclès, son mari, qui, indigné de l’affront que lui faisait son gendre, se réconcilia, dans sa colère, avec la faction opposée.

Pisistrate, informé de ce qui se tramait contre lui, abandonna l’Attique et se retira à Érétrie[1], où il tint conseil avec ses fils. Hippias lui conseilla de recouvrer la tyrannie. Son avis prévalut. Des villes auxquelles les Pisistratides avaient rendu auparavant quelque service leur firent des présents ; ils les acceptèrent et les recueillirent. Plusieurs donnèrent des sommes considérables ; mais les Thébains se distinguèrent par leur libéralité. Quelque temps après, pour le dire en peu de mots, tout se trouva prêt pour leur retour. Il leur vint du Péloponèse des troupes argiennes qu’ils prirent à leur solde, et un Naxien nommé Lygdamis survint, plein de zèle, avec des troupes et de l’argent.

LXII. Ils partirent donc d’Érétrie pour rentrer en Attique après une absence de onze ans. D’abord ils s’emparèrent de Marathon ; et, ayant assis leur camp dans cet endroit, ceux de leur parti s’y rendirent en foule, les uns d’Athènes, les autres des bourgades voisines, tous préférant la tyrannie à la liberté.

Les habitants de la ville ne firent aucune attention à Pisistrate tant qu’il fut occupé à lever de l’argent, et même après qu’il se fut rendu maitre de Marathon. Mais, sur la nouvelle qu’il s’avançait de Marathon à Athènes, ils allèrent avec toutes leurs forces à sa rencontre. Cependant Pisistrate et les siens, étant partis de Marathon tous réunis en un même corps, approchaient

  1. Il y avait deux villes de ce nom, l’une en Thessalie, l’autre en Eubée. Pisistrate se retira dans la dernière, puisqu’il partit de l’Eubée pour revenir dans l’Attique, et que son port était commode pour faire une descente dans ce pays. (L.)