Page:Hérodote - Histoire.djvu/53

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toire se fût déclarée en faveur de l’un ou de l’autre parti. Telle fut la première bataille.

LXXVII. Crésus se reprochant la disproportion de ses troupes, qui étaient beaucoup moins nombreuses que celles de Cyrus, et voyant que le lendemain ce prince ne tentait pas une nouvelle attaque, retourna à Sardes, dans le dessein d’appeler à son secours les Égyptiens, conformément au traité conclu avec Amasis, leur roi, antérieurement à celui qu’il avait fait avec les Lacédémoniens. Il se proposait aussi de mander les Babyloniens, avec qui il s’était pareillement allié, et qui avaient alors pour roi Labynète, et de faire dire aux Lacédémoniens de se trouver à Sardes à un temps marqué. Il comptait passer l’hiver tranquillement, et marcher, à l’entrée du printemps, contre les Perses avec les forces de ces peuples réunies aux siennes. D’après ces dispositions, aussitôt qu’il fut de retour à Sardes, il envoya sommer ses alliés, par des hérauts, de se rendre à sa capitale le cinquième mois. Ensuite il congédia les troupes étrangères qu’il avait actuellement à sa solde, et qui s’étaient déjà mesurées contre les Perses, et les dispersa de tous côtés, ne s’imaginant pas que Cyrus, qui n’avait remporté aucun avantage sur lui, dût faire avancer son armée contre Sardes.

LXXVIII. Pendant que Crésus était occupé de ces projets, tous les dehors de la ville se remplirent de serpents ; et les chevaux, abandonnant les pâturages, coururent les dévorer. Ce spectacle, dont Crésus fut témoin, parut aux yeux de ce prince un prodige ; et, en effet, c’en était un. Aussitôt il envoya aux devins de Telmesse. Ses députés apprirent des Telmessiens le sens de ce prodige ; mais ils ne le communiquèrent pas à leur maître ; car, avant leur retour par mer à Sardes, il avait été fait prisonnier. La réponse fut que Crésus devait s’attendre à voir une armée d’étrangers sur ses terres, et qu’elle subjuguerait les naturels du pays, le serpent étant fils de la terre, et le cheval un ennemi et un étranger. Crésus était déjà pris lorsqu’ils firent cette réponse ; mais ils ignoraient alors le sort de Sardes et du roi.

LXXIX. Lorsque Crésus, après la bataille de Ptérie, se fut retiré, Cyrus, instruit du dessein où il était de congédier ses troupes à son retour, crut, après en avoir délibéré, qu’il lui était avantageux de marcher avec la plus grande diligence vers