Page:Höffding - Histoire de la philosophie moderne.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

méthode et ses résultats rendirent encore plus évident. — Enfin la connaissance plus exacte de la nature et la faculté, accompagnant la découverte des lois de la nature, de prévoir le cours des phénomènes et de le dominer en partie, devaient fatalement renforcer le sentiment de la dignité humaine et continuer le développement de ce que l’Humanisme avait commencé sous une forme plutôt esthétique et théorique.

2. — Léonard de Vinci

Ce grand artiste nous ramène à la Renaissance. Son nom a sa place dans l’Histoire de la philosophie parce que c’est dans les aphorismes extraits de ses manuscrits posthumes que se trouve la première formule claire sur le principe et la méthode des sciences exactes. Cet esprit, le plus universel de la Renaissance, n’était pas seulement versé dans les arts plastiques, mais encore dans l’anatomie, le génie et la mécanique, et il ressentait le besoin de se rendre compte au moyen d’idées philosophiques de la voie qu’il prenait dans ses investigations ainsi que des impressions qu’il avait des faits et gestes des hommes qui l’environnaient. Il naquit en 1452 près de Florence et reçut des leçons de peinture de Verrochio, qui cultivait en outre la tisseranderie, la fonderie en métaux et l’orfèvrerie. Appelé à Milan par Ludovic le More, il y institua une académie des sciences. On a émis l’opinion qu’une partie de ses notes était destinée à des cours pour cet établissement. À Milan, Léonard de Vinci déployait une multiple activité : peintre et sculpteur, il était encore ingénieur, musicien et ordonnateur des fêtes de la Cour. Après la chute de Ludovic le More, il exerça son activité principalement à Florence et à Rome. Il passa ses dernières années en France, où il mourut en 1519. L’inconstance de sa vie et la diversité de ses occupations eurent pour effet de l’empêcher de composer les ouvrages qu’il projetait sur des sujets physiques et philosophiques. Ils auraient profondément influé sur le développement de la pensée scientifique et l’auraient considérablement accéléré. Des idées que l’on rapporte d’ordinaire à Galilée ou à Bacon se trouvent déjà exprimées par Léonard de Vinci, mais sont restées enfouies dans ses manus-