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la vie psychique et, en même temps, la possibilité d’une conduite éthique de la vie sur le terrain de la nature. Pomponazzi était un célèbre professeur de philosophie, qui enseigna d’abord à Padoue, et ensuite à Bologne. Les détails de sa vie sont peu connus. Il naquit à Mantoue en 1462 et mourut à Bologne en 1525. C’était un dialecticien et un orateur distingué ; au point de vue littéraire cependant ses écrits ne présentent pas de qualités. Son cours de psychologie a été publié par L. Ferri (La psichologia di Pietro Pomponazzi. Rome 1876). À l’encontre de Thomas d’Aquin comme d’Averroès, Pomponazzi attache de l’importance au développement réglé et continu enseigné par Aristote dans sa physique, et qui ne permet pas de procéder par bonds, ni d’introduire des principes complètement nouveaux, non préparés par le développement précédent. Il pousse cette idée encore plus loin que son maître Aristote, lequel enseignait que l’activité suprême de la raison (« la raison active ») ne pouvait s’expliquer par l’évolution successive. Aristote n’avait rien dit sur la façon de la comprendre et de l’expliquer, d’où naturellement les interprétations contradictoires. Cette impossibilité, même pour la pensée la plus haute, de s’affranchir des conditions naturelles, Pomponazzi la démontre notamment par la proposition, établie par Aristote, que tout acte de pensée suppose des représentations données à l’origine au moyen de la perception des sens. Et il prétend que la définition d’Aristote : l’âme est la forme ou la réalité parfaite du corps, ne permet pas non plus l’hypothèse de l’existence autonome de l’âme.

Or, ce résultat n’entraînera-t-il pas des conséquences considérables au point de vue éthique, les perspectives de récompense ou de punition après la mort ne pouvant plus dès lors être des mobiles d’action pour l’homme naturel ? Pomponazzi affirme au contraire que ces perspectives sont funestes au point de vue éthique, car elles empêchent l’homme de faire le bien pour le bien. Le développement complet de la nature humaine dans les divers domaines trouve sa satisfaction en soi. Et alors que tous ne peuvent au même degré participer au développement scientifique et artistique, il y a un développement qui n’est refusé à personne, le développement éthique,