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Page:HM BrackenridgeHist. guerre USA angleterre V1,1820.djvu/167

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Cependant la face des affaires de l’Europe venait de changer tout-à-coup ; Napoléon avait éprouvé un revers proportionné à l’immense étendue de ses plans. Cet homme, enivré par des succès inouïs, et par l’encens des vils flatteurs qui toujours se pressent autour d’un despote, se croyait au-dessus de l’humanité. Il avait, dit-on, conçu le projet d’un empire universel : chose probable sans doute ; car quel est le conquérant qui sut jamais poser des bornes à son ambition ? Toutefois, s’il est vrai qu’il ait voulu mettre l’Europe à ses pieds, se rendre maître des mille vaisseaux de l’Angleterre pour étendre ensuite sa domination sur le globe entier, le hasard des combats, la fureur des éléments, vinrent bientôt lui prouver qu’une vanité folle et trompeuse avait seule présidé à des plans si gigantesques. Beaucoup de nos citoyens virent avec joie ce jeu bizarre de la fortune, peut-être cette joie était-elle irréfléchie. La chute d’un tyran est sans doute un spectacle agréable pour un républicain ; mais dans les conjonctures présentes cette chute était plutôt contraire qu’avantageuse à nos intérêts ; car la coalition de toutes les forces continentales de l’Europe ne pouvait jamais nous faire craindre une invasion de notre ter-