Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/100

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Mais ce qui fait l’horreur muette
De cette chambre, et son attrait,
C’est le vivant effroi qu’y jette
Un inoubliable portrait.

Ses cheveux noirs semblent la tache
Funèbre d’un drapeau de deuil,
Et son regard sur moi s’attache
Sitôt que j’ai franchi le seuil.

Ah ! ce regard dur et sans âme
Est glaçant sous ce noir bandeau,
Comme l’acier froid d’une lame
Paraissant derrière un rideau.

Et pourtant ce regard m’attire
Comme un irrésistible aimant,
Et cette bouche qui respire
Et qui sourit en s’animant,

Cette bouche qui fait renaître
Le feu des désirs irrités,
À mes baisers semble promettre
D’enivrantes félicités.