Page:Haag - Le Livre d’un inconnu, 1879.djvu/80

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Chacune à son tour amenée,
Succédant à sa sœur aînée,
Devant nous passe lentement.

Alors, pour un instant, la pierre
S’anime et la froide paupière
S’ouvre au regard mystérieux ;
Un frisson passager agite
Ce sein de marbre qui palpite :
Une âme apparaît dans ces yeux.

La bouche parle : elle nous jette
Un lambeau de phrase incomplète
Comme un mot d’ordre répété,
Et puis cette lueur de vie
S’éteint et l’image pâlie
Reprend son immobilité.

Heure qui viens, heure prochaine,
Toi si voisine dans la chaîne,
Ah ! parle, dis-moi ton secret :
Ce qu’en ton regard je dois lire,
Est-ce un sanglot, est-ce un sourire,
Est-ce un espoir, est-ce un regret ?