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DE LA DUNE

XXXVII

MER TUEUSE



La mer ne s’abandonne, en ses jeux redoutables,
Qu’à ses fils de la côte, aux marins véritables,
Le visage et le cœur également bronzés ;
Ces amants aux bras forts, à la rude tendresse,
Et pour qui, cependant, elle n’a ni caresses,
Ni sourires, ni doux baisers.

Ce sont eux qu’elle prend, avide d’hécatombes,
Pour servir de pâture à ses béantes tombes.
La marâtre en son sein berce bien plus de morts
Que n’en couve la terre en ses sombres entrailles.
Ô pauvres mariniers dormant sans funérailles
Au cœur des flots veufs de remords !