Page:Hannon - Au pays de Manneken-pis, 1888.djvu/12

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Une aube en verre filé met
Sa rosée aux fruits de la ronce ;
L’aile d’un papillon gourmet
Luit dans les calices de bronze.

Rival d’un rameau de pyrus,
Un liseron grenat évase
Aux lèvres neigeuses d’un vase
Son entonnoir de papyrus.

La mouche de jais en maraude
Brille aux clochettes du muguet.
La cétoine aux yeux d’émeraude
Dans les narcisses fait le guet.

De flamboyantes renoncules
Arrondissent leurs taffetas,
Ô caprice, que tu montas
Sur de fabuleux pédoncules.

Au cœur d’un lis artificiel,
L’aile d’azur d’un scarabée
Semble, du firmament tombée,
Une gouttelette de ciel.

III

 
Ô région déconcertante
Par sa naïve absurdité
Qui me séduit et qui me tente,
Adorable en sa fausseté !

Où te lèves-tu, soleil pâle,
Dont les rayons inexpliqués,
Sur ces chers bouquets compliqués
Versèrent l’éclat et le hâle ?

Sous quels cieux et par quels degrés
Croissent ces rigides corbeilles
Que ne vient souiller nul engrais
Et que respectent les abeilles ?

Dans quel mystérieux grenier
S’emmagasinent leurs semences,
D’où leur viennent ces soins immenses,
Et quel surhumain jardinier