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LA PEUR

n’ai pas comprises, et me faire des promesses qui n’avaient pas de sens, pendant que son camarade riait de plus en plus.

« Je m’étais blottie dans le coin, contre l’autel, pour être aussi loin que possible. Mais il a sorti son revolver et me l’a montré à travers la grille, jurant qu’il allait tirer et me tuer, si je n’ouvrais pas. Je me suis jetée à terre et traînée vers la porte, pour m’appuyer tout contre en me faisant petite, afin qu’on ne pût pas me viser ; mais, si j’ai eu cette idée-là, bien sûr mon pauvre mari me l’envoyait, par pitié pour moi, car je n’ai réfléchi à rien, et l’idée m’est venue toute seule.

« Alors, le brigand a tiré un coup de feu qui a sonné fort dans le caveau, et j’ai senti comme si on me frappait l’épaule avec un bâton ; il a tiré, sans arrêter, plusieurs coups de revolver ; tout s’est mis à tourner sur ma tête, l’autel, les murs, et je n’ai plus rien entendu.

« Quand je suis revenue à moi, la nuit tombait ; j’ai essayé de me relever et je n’ai pas pu : je souffrais partout. J’ai essayé de crier, et je n’ai pas pu. La nuit est venue tout à