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LA BOMBE

bombe de l’Escurial. Mais j’ai une soif ! On a tant parlé, tant fumé… Où est Émile ?

— Au laboratoire.

— À cette heure ?

— Il t’attend, il veut te parler : nous avons eu une dispute.

— Encore !

— Oui.

— J’arrangerai ça. Allons-y.

Il a vraiment trop de candeur, ce nigaud, et c’est comme à plaisir qu’il vous supprime le plaisir.

Je détiens toujours le trousseau des caves, où nous pénétrons. Je fais marcher Blasquez devant moi, sous prétexte de l’éclairer mieux En route, j’ouvre sournoisement ma lanterne et je la souffle ; en même temps que je la cogne au mur.

— Caraco ! J’ai fait un faux pas. Donne tes allumettes, je n’en ai plus.

Il me tend sa boite, que je m’abstiens de lui rendre ; il ne songe même pas à me la réclamer ; le tour est joué.

On repart. Nous arrivons à la porte du vestibule : j’ouvre. Il entre, et, tandis qu’il descend les huit marches, je dis :