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les demi-civilisés

Tous à coup, je le vis qui portait la main au cœur.

— Aïe ! Aïe ! gémit-il. Comme ça me fait mal, là !

Il se renversa sur sa chaise, la face congestionnée, le front couvert de sueur, les dents serrées.

— Une crise ! balbutiait-il… Détachez mon faux-col !… De l’air, de l’air !… Ouvrez la fenêtre ! J’étouffe !

J’étais affolé. Je sonnai mon secrétaire et lui jetai :

— Vite, un médecin pour M. Meunier !

— Pas la peine ! haleta Meunier. Ça se dégage… Je sens que ça va mieux… Attendez ! Dans quelques minutes, je reviendrai… Ce que c’est dur ! La troisième fois que ça m’arrive… Je crois que c’est de l’angine.

Revenu à lui, il partit presque aussitôt et murmura :

— En vieillissant, vous verrez que la vie est lourde à porter.

***
**
*

— Dorothée vient d’entrer au couvent, dis-je à Lucien. À ce malheur s’ajoute la dette d’honneur que j’ai contractée envers son père. J’ai le cœur brisé et je suis ruiné. Comme déveine, c’est complet.