Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/100

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glise, puis, après une minute de marche, se trouvèrent en pleine féerie. Une rue large et droite allait déboucher vers la rivière. Deux rangées d’érables bordaient la chaussée et semblaient marcher à la queue leu leu, comme des pensionnaires à la promenade. Les trottoirs couraient le long des parterres en fleurs et des haies taillées à la serpe. Les maisons en briques rouges flottaient sur des sourires. De petites allées blanches, où chatoyaient des cristaux de sable, conduisaient aux porches embaumés de géraniums. Sur les galeries, des vierges, le cou dégagé, la nuque baignée de soleil, promenaient la caresse de leur regard sur les fleurs. Dans les cours, les jardins étaient déjà tout verts, et des femmes jeunes, le buste moulé par le tablier bleu, travaillaient la bonne terre en chantant de vieux refrains.

— Tous les gens qui habitent ici, dit Marcel, sont mi-bourgeois et mi-ouvriers. Ils sont intelligents, cultivés, adroits et fiers. C’est ici que se forme « l’aristocratie recrutée » dont parlait un romancier français.

Marcel et Félix reviennent maintenant vers le fond du val, où s’étendent les grandes usines couvrant une étendue de cent acres. « Nous allons visiter les ateliers », dit Faure.

Voici les fonderies : des coulées de métal