Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/125

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poirs illimités. Une grande compagnie minière, filiale de la nôtre, fut aussitôt formée, des hauts fourneaux furent incessamment installés, et, quinze mois après, nous recevions les premiers produits d’une mine inépuisable. Depuis, nous avons établi un service maritime, et des centaines de cargaisons de fer sont déchargées, chaque été, dans le port de Valmont.

« Tu comprendras maintenant la joie presque mystique que j’éprouve à passer devant mes temples de briques et d’acier, où s’agite le travail sacré qui forge à notre peuple un avenir d’indépendance et de saint orgueil.

— Depuis ce matin, dit Félix, j’ai vécu un siècle d’idées nouvelles. Il me semble que je suis dans la planète Mars où je me suis toujours imaginé que les Titans se sont un jour réfugiés pour bâtir de grands châteaux de lumière dans lesquels ils ont emprisonné toutes les clartés de l’Olympe. Je ne te cache pas que je suis dépaysé. Pendant des siècles, des milliers d’écrivains n’ont cessé de chanter la gueuserie au dépens de l’œuvre pratique et créatrice. Toute une littérature a dépoétisé systématiquement l’industrie et le commerce. Mais, depuis quelques heures, je me rends compte de la beauté de l’Œuvre.

— Tu dis bien : l’Œuvre ! Œuvre où les ver-