Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/160

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tiger, tracer des figures et des arabesques, dont je composerai, dans ma tête, des tableaux fugitifs et charmants.

« J’ai, dans mes malles, de vieux livres très ingénus, dont je savourerai la volupté en écoutant le vent chanter dans vos érables. Il ne me manquera plus qu’un chat tendre, qui se frôlera à mes pieds, fera le gros dos et ronronnera sous la valse des lueurs, en sentant passer dans son pelage soyeux la pensée d’une artiste délivrée. »

— Mais nous ne vous laisserons pas tout à fait dans l’oisiveté, disait Marcel. Votre réputation a fait naître, chez les nôtres, le désir de vous voir et de vous entendre. Il vous faudra nous donner deux ou trois concerts, visiter nos meilleures familles…

— Je m’y prêterai volontiers. Je veux, autour de moi, une atmosphère d’amitié vraie et sans fard : c’est ce que j’attends de cette brave population qui est née de votre idée et qui vit de votre dévouement.

Marcel prit congé de l’actrice, après avoir baisé, pour la seconde fois de sa vie, la petite main qu’elle lui avait tendue un soir d’autrefois. Le même frémissement passa dans son être. Dehors, il fut saisi d’une indéfinissable crainte de lui-même et de la femme qu’il sen-