Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/162

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tés matérielles. La femme ne les reprendra vraiment qu’à cette heure de l’existence où ils ne se sentiront ni vieux ni jeunes, et où ils se rendront compte qu’il leur faut « jouir de leur reste ».

Tel n’était pas le cas de Marcel. À vingt-cinq ans, il s’était cloîtré dans les affaires ; son labeur incessant l’avait d’abord cuirassé contre la femme. Mais, après dix ans de travaux, il était las ; il éprouvait le besoin de vivre et de se contempler dans son œuvre. « Et le septième jour, dit la Bible, il se reposa. » La vie sentimentale allait commencer, pour Marcel, à l’âge où, chez les autres, elle fait halte.

Claire Dumouchel, quand son ami lui avait annoncé la venue de Germaine, avait été bouleversée. Courageuse, cependant, elle avait simplement répondu : « C’est bien. L’actrice est une hôtesse que Valmont ne saurait dédaigner ». Marcel ne s’aperçut pas que ses lèvres tremblaient. Les heures d’angoisse allaient commencer. Depuis que, sortie de l’adolescence, elle s’était dressée dans sa beauté blonde, elle avait dérobé sa personne aux affections vulgaires, gardant intacte, à celui qu’elle aimait, la virginité de son corps et de sa pensée. Ce don muet d’elle-même allait-il devenir l’inutile et ridicule sacrifice d’une vieille fille vouée