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L’AMOUR VEILLE


Après le concert, Claire Dumouchel avait pleuré toute la nuit. Aux petites heures du matin, un apaisement se fit en elle. Comme elle avait à peu près épuisé sa capacité de souffrir, elle s’endormit, et, pendant qu’elle glissait doucement dans le sommeil, elle eut un indéfinissable pressentiment de bonheur. Elle s’imagina qu’elle dormait sous un pommier fleuri. L’arbre était tout blanc, au-dessus d’elle, secoué de bruits d’ailes et de chants d’oiseaux ; dans l’air embaumé, montait la radiation de la terre fraîche et jeune, réchauffée de toutes les espérances de l’humanité.

Elle s’éveilla tranquillisée ; mais elle ne pouvait s’expliquer le phénomène qui s’accomplissait en elle. Sa toilette terminée, elle se coiffa, se couvrit d’un manteau d’hiver, et sortit. Instinctivement, elle se dirigea vers la demeure de sa rivale. Celle-ci n’était pas encore levée.