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de lecture à l’actrice. Quelques bouquins rares étaient rangés sur les rayons d’une bibliothèque appuyée au mur. Au centre, sur un petit secrétaire en acajou, s’étalaient des lettres et des documents. Machinalement, Claire jeta les yeux sur ces liasses. Elle les examinait depuis quelques instants, quand son regard tomba sur un papier violacé et scellé, entouré d’un mince ruban blanc. Elle lut sur l’enveloppe : « Engagement entre Raoul Didier et Germaine Mondore. » Elle resta clouée devant ces deux noms liés l’un à l’autre. La même femme en relation avec deux hommes si différents, Marcel et Didier, si ennemis, l’un, dieu, l’autre, démon, lui sembla abominable. Les lettres, tracées par une main masculine, dansaient devant elle, passaient du noir au blanc, du rouge au bleu, sautaient sur le papier comme des insectes secoués sur une toile. « Le secret est là, se dit-elle, la révélation d’une complicité. » Elle saisit le document.

À cette minute, elle sentit son cœur battre à lui rompre la poitrine. « C’est du cambriolage », pensa-t-elle. Un sentiment de crainte et de délicatesse la pétrifiait. Elle crut que ses mains devenaient impures. « Le sort en est jeté, dit-elle enfin. Je l’emporte, pour Marcel ! Pour Valmont ! » Elle tendit l’oreille.