Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/206

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les raisons qui engageaient son gouvernement à décréter la journée de huit heures pour tous les ouvriers. Il eut des mouvements très pathétiques. Il s’apitoya sur le sort de l’humble père de famille, se levant à six heures du matin et besognant jusqu’à la fin du jour, usant ses forces et sa vie, ahuri par les hurlements d’une impitoyable mécanique, perdant son caractère et son originalité, maudissant la société qui le fit naître bête de somme et qui mit dans les mains des puissants le fouet qui le flagellait.

Touchant aux actions de travail, il répondit à cette objection que le partage des profits a toujours été demandé à grands cris par les ouvriers syndiqués. Il affirma que les ouvriers ont eu tort de faire cette demande, et que, depuis que le système a été mis en pratique, le capitaliste s’en est servi pour camoufler ses desseins de domination et d’écrasement. La coopérative, d’après lui, n’est qu’une forme nouvelle et plus raffinée de l’asservissement du travail. L’ouvrier repousse tout compromis qui menace sa liberté, toute alliance qui lui mettra au cou le collier dont il est question dans « le chien et le loup », de La Fontaine.

« Le système coopératif, s’écrie à la fin le premier ministre, nous n’en voulons pas d’autre que celui qui amènera la coopération des