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MARCEL FAURE

Grand Lac, dans des Laurentides, que deux jeunes mariés sont venus passer une journée de leur lune de miel. Arrivés le matin, ils ont parcouru les sentiers, se sont penchés sur les ruisseaux, ont sillonné le lac dans une embarcation de pêcheur, entraînés tous deux dans le somnambulisme d’un grand espoir réalisé.

Les paysans les ont regardés, et les femmes, les poings sur les hanches, ont dit à leur mari : « Quel beau couple ! Il a une fière mine, l’homme ! » Les maris ont répondu : « La petite femme est belle aussi. On n’en voit pas comme ça sur les images. » On les a suivis des yeux, longtemps, jusqu’à ce qu’ils disparussent sous bois.

Ils se sont assis sur la mousse, à l’ombre des peupliers. Les flots du lac, légers comme des tressaillements de muscles qui jouissent, meurent à leurs pieds. Elle s’appuie la tête sur l’épaule du mari, et ses cheveux lourds et blonds noient l’oreille et le cou de son bien-aimé. Il colle sa bouche sur les tempes de sa femme. Elle tressaille. Il lui baise les yeux, et sa bouche boit deux larmes.

– Quoi ? Tu pleures, Claire ?

— Je suis si heureuse !… Si heureuse !… Marcel !…


FIN