Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/33

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pour la science admirable qui transforme la matière brute et fournit à l’humanité les instruments de son bien-être et de sa civilisation ; rien pour le commerce qui permet aux peuples les plus reculés, les plus jeunes, de jouir des produits du monde entier ; rien pour la finance sans laquelle le progrès se trouverait désemparé, sans ressources. Et je regardais, amusé, mes quinze confrères se battre les flancs pour faire jaillir l’inspiration divine et entendre les voix de Jeanne d’Arc.

« Quand j’annonçai à mon directeur ma détermination de rester dans le commerce, il me répondit avec un sourire : « C’est bien, mon ami, vous vous enrichirez plus vite. »

« – Que voulez-vous, lui répondis-je, je ne suis bon qu’à faire de l’argent ; mais je vous donne ma parole que je n’oublierai pas d’en mettre un peu dans les troncs de vos églises et dans vos sébiles. Et puis…je n’ai pas de grandes ailes comme mes camarades.

« – Marcel, vous êtes malin…

« – Je ne suis pas malin : je soutiens qu’ils ont des ailes. Mais si vous désirez une explication sérieuse, je vous la donne loyalement : sur les quinze prêtres, médecins, avocats et notaires que vous allez faire de mes confrères, il y aura quatre hommes à leur