Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/36

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en général, manquent d’initiative et de hardiesse : ils ont peur de l’originalité. L’originalité ! C’est elle qui a fait la grandeur de la France. Le banal donne la frousse au Français. Celui-ci ne remâche rien : il crée, il invente, il imagine. Il ferait cent lieues pour éviter le pont d’Avignon. Son génie lui fournit une infinité de moyens neufs. Pourquoi, nous qui sommes Français, avons-nous perdu cette précieuse qualité ? Probablement parce qu’on nous aplatit au même laminoir. Nos collèges et nos séminaires sont parfois les cercueils de la personnalité. On n’y habitue pas assez le jeune homme à penser par lui-même, agir par lui-même, se débrouiller, comme on dit. C’est ce qui a fait dire à plusieurs que le temps de nos études était, à certains égards, une période de déformation. Mot dur, mais, en partie, vrai. Sans doute, il est bon de discipliner les individus en leur imposant une règle commune ; mais si cette règle a pour résultat d’atrophier des principes d’action, elle difforme au lieu de former. L’éducation n’est pas synonyme de nivellement : elle doit faire le développement normal des tendances bonnes et naturelles de chacun, en enseignant au jeune homme à sentir, penser et agir à sa manière. Le professeur de-