Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/59

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donnant l’exemple involontaire d’une frasque de célibataire.

Il se pencha sur elle et lui dit, tout doucement : « Ma petite sœur, je ne m’en vais pas d’ici sans être pardonné. Il y a des choses que tu ne sais pas, tu ne dois pas savoir. Plus tard, je te dirai… Pour l’instant, j’exige de toi l’indulgence et l’oubli. J’ai tant besoin de ta gaîté. »

— Qu’il fait bon d’entendre parler ainsi, Marcel. J’ai bien souffert. En te voyant, hier soir, trop gai, trop semblable aux autres, il m’a semblé que tu commettais un sacrilège… à cause de ta… notre mère. Elle m’adorait, maman. Je l’adorais aussi. J’avais pour elle un culte, des élans… Elle fut, elle est encore ma religion. De ses paroles, de ses regards, de ses moindres gestes si distingués, je me suis fait mon évangile. Tu sais que je ne l’ai pas quittée une heure, durant sa longue maladie. Nos causeries se faisaient plus tendres et plus graves, à mesure qu’elle se sentait mourir. C’est alors qu’elle me révéla des dangers que je ne soupçonnais pas. Elle me montra des boues et des hontes, et les secrets redoutables, je les ai appris de la bouche d’une sainte. Je ne crains pas le mal : elle a préservé ma virginité à jamais, en lui donnant l’honneur pour