Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Alors, je retranche le trop et je laisse la reste.

— Parfait ! Maintenant, soyons sérieux.

— C’est cela, regarde-moi dans le fond des yeux. Est-ce que je ris ?

— Tu as gardé des habitudes de fillette, dit-il avec gaîté. Mais tu es une femme, maintenant.

— Si je ne connais pas mon sexe !…

— Tu m’as fait comprendre des vérités importantes, au cours de cette nuit.

— Je sais. Et après ?

— Ne m’interromps plus… Comme toutes les femmes qui sont sous le coup d’une grande émotion, tu m’as fait de la philosophie… sentimentale, la plus haute de toutes. Tu m’as rappelé au culte de l’évangile-souvenir et à l’action-conscience. J’ai décidé de vivre la vie avec toute sa dignité, c’est-à-dire, en distribuant à nos semblables un peu de notre bien-être. L’été dernier, lors d’une promenade à Petitmont, j’ai découvert, à deux pas de cette ville, une vermine de misère et d’immoralité. Je vais assainir ces lieux. J’y élèverai, de toutes pièces, une ville de beauté et de travail où tout le monde aura un soleil pour s’éclairer et un foyer où se chauffer. Surtout, je veux créer un centre d’activité et de régénération nationales, où mes compatriotes apprendront com-