Page:Harvey - Marcel Faure, roman, 1922.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

deurs, les chutes des âmes ou les envolées vertigineuses, les chants, les harmonies, les cris, les plaintes et les colères, que les passions, les fiertés et les ambitions, les pensées et les inspirations des morts, encore vivantes et rouges de sang clair, que tout cela, imbibé par notre cervelle où s’éponge l’encre des caractères magiques, devient nous-mêmes, nous inonde, nous pénètre, multiplie notre être, le répand partout comme un dieu, accroît sa puissance de voir, de comprendre, d’aimer le fait universel, grand, beau, cyclopéen !

« Un peuple maintenu dans sa brutalité est un danger pour l’ordre social. Il faut l’affiner par le livre. La culture adoucit les mœurs à l’instar de la musique. Par les idées qu’il fournit et par les sentiments qu’il provoque, l’écrit rend la raison plus droite et le cœur plus délicat.

« À Valmont, tout le monde lit. On s’initie à l’art, à la littérature, à l’histoire, à la science. Nous avons une jeunesse capable de discerner le soleil d’un bolide et la lune d’une étoile. »

Marcel et Félix s’avançaient maintenant vers un édifice au front duquel s’étalaient en lettres noires : « L’Élite ».

— Tiens ! dit Félix, je suis heureux de voir votre « Élite ». Ce quotidien mérite son im-