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éminemment sacré ; la politique proprement dite n’y avait point accès. Le voile le plus épais couvrait d’ailleurs les actes du Sénat. Ce fut César qui, dans une pensée facile à pénétrer, ordonna que les actes journaliers du Sénat seraient écrits et publiés, comme ceux du peuple, qui l’étaient depuis plusieurs années déjà. Dès lors les grandes Annales furent remplacées par les Acta diurna[1], qui en différèrent non-seulement par leur périodicité, mais encore par la nature de leur composition. Tandis que les Annales n’enregistraient en général que les faits les plus mémorables de l’histoire, et particulièrement ceux qui touchaient à la religion, les Acta donnèrent place aux moindres détails qui étaient de nature à inspirer quelque intérêt, même éphémère.

D’après cette conjecture les journaux seraient comme une bouture sortie du vieux tronc pontifical ; ils n’en seraient que la prolongation et l’émancipation au dehors ; ils auraient eu, comme le théâtre, comme la statuaire en bien des pays, leur période hiératique, avant d’avoir leur existence populaire.


Ces Acta diurna n’étaient pas assurément des journaux tels que nous les voyons aujourd’hui, ce

  1. Ce mot se retrouve dans le Diario di Roma, organe moderne de la cour papale, et on lit dans le code Théodosien le mot Diurnarii, qui pourrait se traduire par journalistes.