Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la nature ni la fortune, ou mes seuls désirs, ne m’ont pas fait de tristes besoins ! »

Les annonces et avis divers, qui suivent les ventes, indiquent différents objets de commerce : ce qu’on a perdu, ce qu’on a trouvé, toutes les demandes particulières qui peuvent rapprocher les membres de la société par le lien de l’intérêt. Cet article est une heureuse idée de Montagne, que sa philosophie n’empêchait point, comme on voit, de s’occuper du bien public, mais utilement.

Suivent les enterrements, et ce petit nécrologe, indépendamment de son utilité dans l’ordre civil, avertit la société de ses pertes dans toutes les classes des citoyens ; et le philosophe qui calcule la durée de la vie humaine a sous les yeux, deux fois par semaine, l’inventaire de notre mortalité.

Quant au thermomètre des changes et des effets commerçables qui termine chaque feuille, c’est un autre objet de calculs et de spéculations, qui ne rassure pas toujours sur la solidité des biens que procure ce genre de commerce, et qui fait souvent bien des philosophes malgré eux.


Citons encore deux passages qui ont plus particulièrement trait à notre sujet.

Et cœnæ fercula nostræ
Malim convivis quam placuisse cocis.
(Martial.)


Pline l’historien avait observé, dès son temps, que la plupart des hommes se faisaient plus valoir par l’esprit des autres que par leur propre esprit : Ingenio plerique alieno magis commendantur quam suo. (Hist. nat., liv. 34, chap. 10.) Cette observation, qui, depuis les Romains, s’est vérifiée de plus en plus chez toutes les nations instruites, n’indique maintenant qu’un usage fort simple établi généralement partout : car ce ne sont pas seulement les compilateurs et les rapsodistes, si multipliés parmi nous, qui tirent toute leur existence des pensées d’autrui ;