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certains ouvrages, et il se fit plusieurs querelles, notamment avec Tanneguy Le Fèvre, célèbre humaniste, qui publia contre lui deux satyres : Journal du journal, ou censure de la censure, et Seconde journaline, plus remplies d’injures que de bonnes raisons[1].

L’abbé Gallois apporta d’abord dans l’exercice de ses fonctions beaucoup d’ardeur et d’application, et l’on ne fut pas moins étonné de la variété prodigieuse qu’il répandit dans son journal que des savantes et judicieuses remarques dont il enrichit ses extraits. Ce fut lui aussi qui ouvrit le Journal des Savants aux controverses des auteurs qui avaient entre eux des discussions critiques de nature à intéresser le public et le bien des lettres. Mais cette belle ardeur ne se soutint pas longtemps. Soit défaut de loisir, soit dégoût d’un travail régulier et trop assujettissant, il s’en occupa de moins en moins, et le nombre des journaux de chaque année alla toujours en diminuant pendant les neuf années qu’il en fut chargé.

Le vide de cette période est rempli jusqu’à un certain point par un recueil de Mémoires et Confé-

  1. J’ai trouvé cette dernière pièce reliée dans l’exemplaire du Journal des Savants de la bibliothèque Sainte-Geneviève, à la suite du numéro du 12 juillet 1666, où l’abbé Gallois répondait au Journal du journal. Elle porte cette épigraphe, prise de Quintilien : Felices artes essent si de illis soli artifices judicarent. Elle est imprimée à Saumur, et se compose de 30 pages petit in-4o. Les journaux de l’abbé Gallois portaient sur le titre : Par le sieur G. P. (Gallois, prêtre). Le Fèvre en prend prétexte pour appeler son contradicteur Gépé. « Ah ! que vous avez la peau dure, M. Gépé ! »