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des extraordinaires, qu’on donnera les jeudis, et on aura soin d’en avertir le public à la fin du journal du lundi précédent.

L’œuvre des nouveaux journalistes fut parfaitement accueillie du public éclairé auquel elle s’adressait. « Ils possèdent, dit Bayle, un secret semblable en quelque façon à celui de la fameuse Médée, puisqu’ils ont rajeuni du premier coup ce journal, qui tombait dans les langueurs de l’âge caduc, et qu’ils lui ont redonné d’abord toute la force, toute la vivacité qu’il avait eue dans son état le plus florissant, qui fut celui de ses deux ou trois premières années. » Bayle attribue l’honneur de ce changement à l’abbé Bignon, « sous les yeux et par les conseils duquel cet ouvrage se forme et se perfectionne » ; en quoi il ne fait que répéter ce qui est dit dans la préface du nouveau journal.

C’est, en effet, l’abbé Bignon, qui fut le promoteur de la transformation du Journal des Savants, dont il s’était fait le chaleureux avocat auprès du chancelier, son oncle. Il ne se contenta pas d’avoir organisé la nouvelle rédaction ; il voulut encore que le comité tînt ses assemblées chez lui, une fois par semaine ; il lia, dans l’intérêt de l’œuvre, un commerce de lettres avec les hommes les plus savants de ce temps ; enfin il n’épargna aucune dépense pour faire venir tous les livres qui s’imprimaient dans les différentes parties de l’Europe. Le savant