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sent la précaution jusqu’à annoncer combien de lettres ils donneront pour un sou.

Camusat reproche encore aux premiers rédacteurs du Journal des Savants de n’avoir pas été assez soigneux d’indiquer l’année dans laquelle les livres dont ils rendaient compte avaient été imprimés, et la raison de cette négligence était, dit-il, la crainte qu’ils avaient qu’on ne s’aperçût que le livre dont ils parlaient n’avait plus la grâce de la nouveauté. Il regrette aussi qu’ils soient restés inférieurs aux journaux étrangers sous le rapport des nouvelles littéraires, « un des plus beaux ornements d’un journal, fournissant à un journaliste l’occasion de glisser des particularités qui souvent auraient de la peine à trouver place ailleurs[1]. » Mais il le félicite d’avoir compris que, pour donner à un journal toute la perfection qu’il peut recevoir, il ne suffisait pas de le publier régulièrement aux époques fixées, qu’il était nécessaire de donner de temps à autre des suppléments. M. de Sallo en avait conçu le dessein, et avait même promis de l’exécuter, en rendant compte du livre de la Conception, de Raymond Lulle. « Il y aurait, disait-il, beaucoup à dire sur ce

  1. « Je remarquerai en passant, ajoute Camusat dans une note, que les nouvelles littéraires de nos journaux modernes sont généralement peu sûres ; ce que j’attribue à la trop grande envie de se faire valoir par des nouvelles. Cette passion, qui ne convient qu’à un gazetier, est cause que les journalistes entassent d’ordinaire, sans trop de choix, les nouvelles qu’on leur envoie, croyant ensuite avoir beaucoup fait par cette espèce de réparation qu’ils font aux lecteurs : Nous donnons les nouvelles telles qu’on nous les a fournies.