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on pense, on estime. « Le discours de M. Boileau (lors de sa réception à l’Académie française) a été trouvé digne de son esprit et de sa réputation. La plupart de ceux qui en parlent le louent extrêmement, et ceux qui en disent le moins de bien font entendre seulement qu’il n’y avait rien d’extraordinaire. » Était-ce prudence, politique, ménagement calculé pour ouvrir toutes les portes à son journal ? Peut-être dans une certaine mesure : car Bayle, par scrupule même de conscience, ne sépara jamais complétement sa cause de celle de ses libraires ; et, disons-le à sa louange, il réussit à les enrichir en restant lui-même dans un état voisin de la pauvreté. Mais cette raison n’est pas la seule ; ici encore il obéit à la pente naturelle de son esprit, à son goût décidé pour l’abstention.


Nous avons dit que Bayle se piquait peu de purisme littéraire ; on a peine à s’imaginer, en le lisant, qu’il écrivait au moment de la culture la plus châtiée de la littérature de Louis XIV. Cela tient surtout à ce qu’il a presque toujours vécu loin de Paris, malgré le grand désir qu’il avait de venir s’y ravictuailler en esprit et en connaissances. Il y résida bien quelques mois à différentes fois ; mais on peut dire qu’il ne connut pas le monde de Paris, la belle société de ces années brillantes. Son langage et ses habitudes s’en ressentent d’abord ;