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ce serait trahir les lecteurs qui nous prennent pour guides dans la connaissance des livres, que de les laisser séduire par des titres imposants, que de leur cacher les écueils où ils donneront infailliblement. Réduits indispensablement à insinuer les défauts des livres dont nous parlons, nous mettrons notre application à tempérer une critique nécessaire par tout ce qui la peut rendre moins sensible aux auteurs. Nous joignons si souvent les louanges aux reproches que nos éloges les plus sincères en sont devenus suspects. » Si la critique du Journal de Trévoux eût toujours été aussi modérée qu’on le dit ici, il n’aurait pas soulevé tant de colères, on ne l’eût pas si souvent accusé de partialité. Et il faut que cette accusation fût bien fondée, puisque les rédacteurs eux-mêmes semblent avouer, dans leur avertissement de 1734, le tort qu’ils ont eu d’écouter trop souvent le préjugé ou la passion. « L’esprit de partialité, y disent-ils, est un écueil dangereux où bien des journaux ont échoué. » Et ils n’ont garde de s’excepter ; on remarque même que depuis cette époque le journal est écrit avec plus de politesse et de modération, et en même temps avec plus de soin et plus de goût.

Cependant le prince de Dombes, fatigué, dit-on, des plaintes continuelles qu’on lui adressait contre ce journal, refusa, après trente ans, de lui accorder un nouveau privilége, de sorte que ses rédacteurs