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en œuvre. J’avoue pourtant que nous ne manquons pas d’ouvriers, et que le pays où j’écris est pourvu de manufactures considérables. Je pouvais y avoir recours, mais je n’ai pu résister à la tentation. C’est peut-être une sottise à moi d’être sorti de la classe des libraires pour entrer en celle d’ouvriers en littérature… » Quoi qu’il en soit, l’ouvrage tel que Bernard l’a donné est plein de recherches curieuses, de renseignements précieux, et l’on ne peut que regretter qu’il n’ait point été achevé.

Camusat avait composé pour son Histoire des Journaux une préface qu’il a cru devoir supprimer avant sa mort, on ne sait pour quel motif. Il y donnait des règles pour bien faire les journaux, et accompagnait ces règles de réflexions justes et solides. Un journal écrit selon les idées qu’il émit dans cette préface eût été, selon l’expression de J. Bernard, un livre parfait, un phénomène dans la république des lettres ; mais ce critique si judicieux, et qui connaissait si bien le fort et le faible des ouvrages, devait lui-même, comme nous allons le voir, fort mal réussir dans l’exécution.

Il débuta dans la carrière par les Mémoires historiques et critiques. La fougue de son caractère ne tarda pas à s’y révéler. Il souleva bientôt contre lui tant d’écrivains par l’amertume et la causticité de ses critiques, et il s’attira des ripostes si vigoureuses, qu’elles lui firent tomber la plume des mains.