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L’ABBÉ DESFONTAINES


Le Nouvelliste du Parnasse. — Observations sur les Écrits modernes. — Jugements sur quelques Ouvrages nouveaux.

Desfontaines a commencé ce triumvirat de critiques qui, continué par Fréron, et terminé par l’abbé Geoffroy, mort en 1814, a pendant un siècle lutté avec persévérance, et non sans succès, contre la renommée, l’influence et l’école philosophique de Voltaire. Destiné à la carrière ecclésiastique, il l’abandonna bientôt afin de se livrer tout entier à son goût pour les lettres, et de bonne heure il montra une rare aptitude à la critique. S’il est vrai de dire que presque toujours la vie d’un homme de lettres est dans ses ouvrages, cet adage est surtout applicable à la profession de journaliste. Cette magistrature polémique que s’attribua Desfontaines multiplia pour lui les événements littéraires qui font l’amusement du public en faisant le malheur de celui qui en est le héros. Ses querelles avec Voltaire, ses démêlés avec la police, qui le conduisirent à Bicêtre et dans les prisons du Châtelet, occupent

    qui dînent d’une analyse et s’habillent d’une satire à la manufacture des jugements périodiques. »

    Après 300 pages dans ce goût, l’auteur s’applaudit à lui-même ; il se vante « d’avoir parcouru, le flambeau de la vérité à la main, le repaire hideux et sanglant du journalisme ; d’avoir osé, le premier, attaquer en masse une légion de perturbateurs dont personne n’osait regarder les individus en face, et de les avoir détrônés. »