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et la licence des bulletins à la main. « C’est là, s’écriait-il dans un mémoire judiciaire où il revendiquait les droits de la Gazette contre son redoutable concurrent, c’est là qu’on a lu, entre une infinité d’autres faits hasardés, que Madame, belle-sœur du roi, était grosse, et qu’elle avait senti son enfant remuer ; c’est là que toutes les extravagances du magnétisme ont été consignées et prônées ; c’est là qu’on a ouvert une souscription pour un être imaginaire qui devait traverser à sec la rivière de Seine avec des sabots élastiques ; c’est là que la loterie pour l’édition prohibée des œuvres de Voltaire a été imprimée à différentes reprises ; c’est là qu’a été exaltée la prétendue découverte d’un charlatan qui promettait de neutraliser les fosses d’aisances avec une pinte de vinaigre, et qui s’est enfui après avoir été la cause de la mort de deux hommes. Ce journal, à qui l’administration est sans cesse obligée de faire faire des rétractations, des désaveux, est devenu le répertoire de toutes les nouvelles controuvées, de tous les faits apocryphes, de toutes les inventions ou imaginaires, ou nuisibles, de toutes les querelles entre les gens de lettres, les artistes et les particuliers. C’est par la facilité qu’on trouve à y faire insérer des écrits même satyriques qu’a été publiée cette lettre scandaleuse qui a porté le roi à un acte éclatant de sévérité envers un écrivain peu maître de son imagination