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calomnie, ce sont là trop souvent, malheureusement, les raisons de Voltaire, et il ne recule pas devant les plus grossières, les plus absurdes, persuadé, comme Basile, qu’il en restera toujours quelque chose. « Pourquoi permet-on que ce coquin de Fréron succède à Desfontaines ? Pourquoi souffrir Raffiat après Cartouche ? Est-ce que Bicêtre est plein[1] ? » Ainsi s’exprime le défenseur de la liberté de la presse la première fois qu’il se décide à parler de Fréron, coupable d’avoir usé de cette liberté contre lui. Cette phrase si violemment haineuse résume d’ailleurs toute la polémique de Voltaire avec ses adversaires : quiconque n’est pas pour lui ne peut être qu’un monstre que la société doit rejeter de son sein, et il en dirait presque autant de ceux qui osent les accueillir. Ainsi de Desfontaines, ainsi de Fréron. Fréron était sorti de chez les jésuites : il n’a pu en sortir que pour quelque crime honteux ; il en a été chassé. M. de Choiseul protége Fréron, ou, ce qui est pour lui la même chose, ne le persécute pas : il s’en plaint à d’Argental, il le déplore avec Thiriot, il en cherche la cause ; il se rappelle alors que M. de Choiseul a été le condisciple de Fréron au collége de Clermont, et que leur intimité, dit-il quelque part, y a été poussée « jusqu’aux complaisances les plus infâmes. » Il

  1. Lettre au comte d’Argental. 24 juillet 1749.