Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/449

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Grimm reproduit, mais trop plate vraiment pour que nous lui fassions cet honneur ; nous nous bornerons à l’analyser :

Un jeune éléphant de bonne race régnait, dans les belles forêts du Gange, sur un peuple nombreux d’animaux célèbres par leur industrie. Ce roi, juste et bienfaisant tout ensemble, persuadé que la liberté est la mère des grandes choses, permettait à chacun de ses sujets de dire, faire et écrire tout ce qui ne blessait ni les mœurs, ni les lois, ni les personnes. Aussi usait-on amplement de la permission ; quelques-uns même se donnaient les airs d’endoctriner le prince, de lui dénoncer publiquement ce qu’ils appelaient les abus de son gouvernement, et le prince, né débonnaire, lisait sans se fâcher leurs exagérations, tout prêt à faire usage de ce qu’elles pouvaient avoir d’utile au bien commun, car il avait lu quelque part qu’un sot quelquefois ouvre un avis important.

Notre éléphant vit paraître un jour à son audience un chien de basse-cour à la mine rogue (La Harpe) ; un bœuf à la tête forte (Marmontel), un cheval d’assez bonne encolure (Ducis), et un chat-huant à plumage bariolé (Lemierre, qu’il était d’autant plus injuste de mêler dans cette affaire qu’il avait résisté constamment aux sollicitations réitérées de La Harpe, et, seul des auteurs dramatiques, n’avait point signé la requête). Ces quatre animaux