Page:Hatin - Histoire politique et littéraire de la presse en France, tome 2.djvu/59

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tant désiré de vous et de tous les gens de bien, pour lequel ayant eu l’honneur d’estre mandé et employé par Sa Majesté, et luy ayant fait voir que l’une des plus grandes incommoditez de ses sujets et qui en réduisoit mesme plusieurs à mendicité, estoit la faute d’adresse des lieux et choses nécessaires à l’entretien de leur vie, lesquelles, au contraire, enseignées, accomoderont toute sorte de personnes, cette proposition a esté tellement approuvée de ceux ausquels il luy a pleu d’en commettre l’examen, qu’en suitte de son brevet du 14e jour d’octobre 1642, qui me donne pouvoir, exclusivement à tous autres, d’établir les Bureaux de ces adresses en tous les lieux de son obéissance, durant cette longue suitte d’années requise à la solide perfection d’un ouvrage de durée, j’ai obtenu plusieurs arrests de son Conseil d’Estat, ses lettres patentes de déclaration, privilége et confirmation du don d’iceux, autre arrest de sa cour de Parlement, sentences et jugements de Messieurs le Lieutenant civil, Bailly du Palais et autres juges des lieux où mes Bureaux sont establis ; si bien qu’il ne reste aujourd’huy qu’à informer le public de la commodité qu’il recevra de cet establissement, nostre désir ne se portant jamais aux choses incognües.

Je sçay bien que cette introduction ne sera pas, seule entre toutes les autres, exempte de difficulté. Il s’en trouvera qui blasmeront mon courage de s’estre porté à une si haute entreprise, sans que la despense qu’il me faut continuer pour la perfection de cet œuvre m’en ayt destourné. À ceux-là je respon que, me recognoissant né au bien public, auquel j’ay sacrifié le plus beau de mon aage, sans autre récompense que celle dont la vertu se paye par ses mains, il seroit désormais trop tard d’espargner, comme on dit, le fond du tonneau, après avoir esté prodigue du reste. Et qui sçayt si, dans toute l’estenduë de ce grand Estat (que la valeur de nostre invincible Monarque va faire encore plus grand et l’accroistre jusques où sa justice le voudra permettre), voire qui sçayt si dans le seul enclos de cette populeuse ville de Paris, où la devotion est ingenieuse à produire toute sorte de bonnes œuvres, il ne se trouvera point, sinon autant que Dieu,