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DICTIONNAIRE GÉNÉRAL

DE LA

LANGUE FRANÇAISE

DEPUIS LE COMMENCEMENT DU XVIIe SIÈCLE JUSQU’À NOS JOURS


A

A [á] s. m.
[étym. Le nom, la forme et le son viennent de l’a latin.]
La première lettre de l’alphabet et la première des voyelles. || La voyelle A. A est fermé ou ouvert. A ouvert est long dans rade et bref dans rate. Dans pâte, l’a est fermé et long. La voix A se forme en ouvrant fort la bouche, MOL. b. gent. ii, 4. || La lettre A. Panse d’à, partie arrondie de a dans l’écriture. Fig. Ne pas faire une panse d’à, ne rien écrire, ne rien faire. Sans faire jamais une panse d’à ni œuvre quelconque de mes mains, voit. Lett. 184. Ne savoir ni a ni b, ne rien savoir. Un mari… qui ne sache a ne b, mol. f. sav. V, 3. Depuis a jusqu’à z, du commencement à la fin. Prouver par A plus B, avec une rigueur mathématique. Marqué à l’a, de bonne qualité (allusion à la marque ; la monnaie de Paris).
À
[à] prép.
[étym. Du lat. ad, § 726. Aux sens propres de ad (direction et proximité) se sont ajoutés, dans le lat. pop., les sens du datif (attribution) et de l’ablatif avec ou sans la prép. in (situation). En outre, un emploi spécial de ad (coïncidence) amenant l’idée de conséquence (ad cantum illi expergisci), ad a marqué l’instrument : occidere ad lancas, tuer à coups de lances, végèce, iii, 24 ; de là les emplois du no V. || Par contraction, au roi, pour à le roi ; aux rois, aux choses, aux âmes, pour à les rois, à les choses, à les ames. (V. § 593.) || À partir du xvie s. au, aux, remplacent souvent les formes contractées ou, es (c.-à-d. en le, en les), sorties de l’usage général. (V. en et § 726.)]
Exprime un rapport de destination.
  1. Destination de lieu.
    1. Direction vers un lieu. (Perrette) Prétendait arriver sans encombre à la ville, la f. Fab. vii, 10. C’est à Rome, mes amis, que je prétends marcher, rac. Mithr. iii, 1. Aller à l’église. Voyage à Londres. C’est peu d’aller au ciel ; je vous y veux conduire, corn. Poly. iv, 3. Descendre à terre. Tirer qqch à soi. Conduire à l’échafaud. Porter une lettre à la poste. Jeter son froc aux orties. Courir aux armes. Envoyer au diable. Empoisonneur, au diable ! mol. Mis. i, 2 . || Aller d’un endroit à un autre. Le plus hardy ne laissa à s’approcher de peu à peu de More, rouchet, Serées, iv, 243. De peu à peu, rons. Odes, iii, 20. (Traduire) de mot à mot, Psaut. de Metz, ol. (xive s.), et bouchet, Serées, préf. Avec ellipse de préposition de. Peu à peu. Petit à petit. Pas à pas. Monter quatre à quatre, de quatre marches en quatre marches. Terre à terre. Traduire mot à mot ; verser goutte à goutte ; arracher brin à brin. || Au, aux, pour en le, en les. Jeter au feu. mettre aux fers.
    2. Proximité par rapport à un lieu, à une chose. La taille livrée à Cannes. Ce village est à une lieue de Paris. à quatre pas d’ici je te le fais savoir, corn. Cid, ii, 2. Se mettre à la fenêtre. À mes côtés assis, rac. Ath. ii, 7. Être à table. L’épée au côté. Cela s’est passé à mes yeux. À la face des dieux, corn. Cinna, i, 3. Rire à la barbe de qqn. Il dit tout à l’oreille, mol. Mis. ii, 4. S’asseoir au soleil. À fleur d’eau. Côte à côte, vis-à -vis, nez à nez, tête à tête, face à face, dos à dos. Se battre corps à corps. Bout à bout, deux à deux.
    3. Position dans un lieu. Il demeure à Paris. Conseiller à la cour. Ce pays est aux antipodes. | P. anal. Gardant au cœur d’infidèles amours, rac. Mithr. iv, 4. Le blasphème à la bouche, corn. Poly. iii, 5. | À la place, au lieu et place de qqn. Fig. Au lieu de dire. À défaut de. Au défaut de. || Au, aux, pour en le, en les. Les étoiles brillent au ciel. Rome entière noyée au sang de ses enfants, corn. Cinna, i, 3.
  2. Destination de temps.
    1. Progression vers un temps. La cause est ajournée à huitaine. Vous avez à demain remis le sacrifice, corn. Hor. v, 2. À ce soir. Tout à l’heure. Travaux forcés à temps, à perpétuité. À jamais, à tout jamais. Bouillir dans les enfers à toute éternité, mol. Éc. des f. iii, 2. Arriver à terme. Billet payable à trente jours. Du matin au soir. De temps à autre. De jour à autre, la br. 16.
    2. Coïncidence par rapport à un temps. Je rougis, je pâlis à sa vue, rac. Phèd. i, 3. À ces mots le corbeau ne se sent pas de joie, la f. Fab. i, 2. À ce coup. Tout à coup. || P. ext. Avec l’idée de conséquence. (V. le no V.) S’éveiller au bruit. Reconnaître qqn à sa démarche. À l’œuvre on connaît l’artisan, la f. Fab. i, 21. À vaincre sans péril on triomphe sans gloire, corn. Cid, ii, 2. J’ai honte à ma fortune en regardant la tienne, a. chén. Mendiant.
    3. Accomplissement dans un temps, Il dîne à midi. (Il) mangeait à ses heures, la f. Fab. vii, 4. À l’âge de vingt-deux ans le duc conçut un dessein, boss. Condé. | À l’instant. À présent. Au temps jadis. Que je parte à ce soir [vieilli), théophile, i, 15
  3. Fig. Destination de but.
    1. Tendance vers un but. Tendre à la perfection. PAULINE : Où le conduisez-vous ? — FÉLIX : À la mort, corn. Poly. v, 3. Sans penser qu’ils allaient à la servitude, boss. R. d’Angl. Réduire à la misère. Venir à résipiscence. Il aspire à descendre, corn. Cinna, ii, 1. Réduire au plus petit volume, à la plus simple expression. Le compte s’élève à cent francs. Compter de vingt à trente. Ils sont de dix à douze. Appartement composé de cinq à six pièces, les. Gil Blas, iii, 9. | Aller d’une chose à l’autre. Traiter qqn de Turc à More. || Tirer à sa fin. L’affaire a tourné à sa honte. Médaille frappée à l’honneur de Louis XIV (vieilli), d’alemb. Éloges, Perrault, note a. La chose allait à bien par son soin diligent, la f. Fab. vii, 10. Venir à rien. Donner à bail. Mettre à profit. Tenir à honneur.
dict. franç.
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