Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/126

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106 Ll'1"l`éRA'l`URE rrnxisnmz lorsque Dante, séparé d’elle par un ruisseau, lui adresse la parole; elle lui fournit obligeamment les explications qu’il désire, et, tout en chantant : ce Beati quorum tecta sunt peccata », elle accompagne le poéte durant cette derniére étape terrestre de son voyage. Cette suave figure, que Dante désigne sous le nom de Matelda, a donné et donne encore lieu a de graves incertitudes : doit-elle son nom at la comtesse Mathilde, er la fille dévouée de saint Pierre mm, comme l’appelle Villani, celle qui laissa ses domaines au Saint-Siege? Représente-t-elle la vie con- sacrée at la recherche du bien? Tout cela est probable; mais une seule chose est sure, c’est que peu de concep- tions allégoriques ont jamais été revétues d’une poésie plus fraiche et plus attrayante. Matelda sert de guide at Dante dans le Paradis terrestre; at ce titre, elle se place entre Virgile et Béatrice, personnages réels, élevés dans la Divine Comédie at la dignité de symboles. Dante a hautement proclamé l’admiration, l’aH`ection qu’il nourrissait pour l’auteur de l’Enéide. On sait que Virgile a joui au Moyen Age d’une célébrité particuliere, 'qu’il avait méme la réputation dlun devin, ayant écrit quelques vers, dans son Eglogue IV, ou l’on s’est plu at reconnaitre une prophétie de la naissance du Christ. D’ailleurs il avait raconté la descente d’Enée aux Enfers; rien n’était donc plus naturel que de le prendre pour guide, et d’incarner en lui la sagesse humaine. Mais ce qui donne au personnage de Virgile, dans la Divine Comédie, uu charme tout particulier, c’est la tendresse touchante, et réciproque, qui l°unit at Dante. Il ne se contente pas d’instruire et de conseiller le poéte; il le protége, il le défend et le prend dans ses bras comme une mére dont la pensée unique est de soustraire son enfant au danger (Enfer, XXIII, 37); et c’est aussi avec uu