Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/265

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L.; u nouzvn sunrxvx » nhl Florentins. Le vers enfin, varié de rythme, souple, harmo- nieux, complete l’impression de beauté, d’élégance et de sérénité parfaites qui se dégagent de cette oeuvre unique. Unique, car elle réalise l’idéal fugitif d’une génération en qui se tempéraient, pour un temps, les éléments opposés, prompts a se dissocier, qui constituent la civi- lisation de la Renaissance. L’élément traditionnel, popu- laire, national en ce sens qu’il correspondait aux gouts et aux besoins de la société italienne, telle qu’elle s’était peu a peu organisée au cours des deux siécles précé— dents, y est largement représenté par le caractere cheva- leresque du sujet; mais l’élément classique pénetre de toutes parts cette matiére romanesque, l’enveloppe d’une forme aristocratique et la hausse presque at la dignité de l’épopée. Un élément personnel et contem- porain localise trés exactement le poéme dans le temps et dans l’espace, tandis qu’un intérét général et humain se dégage de maints épisodes, ou sont dépeints nos sentiments dans ce qu`ils ont d’immuable et d’éternel; il suffit de rappeler a cet égard la crise d’ou Roland sort privé de la raison, les tourments que la jalousie fait endurer a Bradamante, ou la douleur de Fiordiligi a la mort de Brandimarte. Par la, le Roland furieu.2: mérite de prendre place dans le voisinage des chefs-d’oeuvre de la poesie de tous les temps, tandis que, par d’autres cétés, il exprime le génie particulier d’une époque et d’un peuple. La faiblesse de l’0euvre, surtout lorsqu’on songe a la Divine Comédie, c’est l’absence de toute pensée philoso- phique. Le Moyen Age, époque d°apres luttes et de {oi ardente, avait produit un art sévere et fougueux, ou s’entre-croisent les cris de haine et les hymnes d’espé— rance; la Renaissance, tout entiére au sourire de la vie