Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Rien, monsieur… rien au monde, répondit Phœbé, avec un petit rire contraint, qui attestait à quel point elle se trouvait absurde… Peut-être souhaitiez-vous entretenir ma cousine Hepzibah ?… Voulez-vous que je l’appelle ?

— Un moment, je vous prie, dit le Juge dont la figure s’illuminait de plus belle, vous me semblez, ce matin, un peu nerveuse… L’air de la ville ne va pas, cousine Phœbé, à vos bonnes et saines accoutumances de la vie rustique… Peut-être aussi est-il survenu quelqu’incident qui vous préoccupe… Une arrivée, n’est-ce pas vrai ?… c’est bien ce que je pensais… Rien d’étonnant, ma petite cousine, à ce que vous soyez un peu troublée… Un tel hôte a de quoi émouvoir une innocence comme la vôtre.

— Je ne vous comprends pas bien, monsieur, répondit Phœbé en jetant sur le Juge un regard interrogateur… Personne n’est récemment arrivé dans la maison, si ce n’est un pauvre homme, aux douces et enfantines allures, que je crois être le frère de ma cousine Hepzibah… Je crains bien (vous en savez là-dessus plus long que moi) qu’il ne soit pas doué de tout son bon sens ; mais il semble si doux, si tranquille, qu’une mère lui confierait son enfant au berceau ; et je crois qu’il jouerait avec l’enfant comme s’il avait à peine quelques années de plus que lui… Lui, me faire peur ?… En vérité, non.

— Je suis charmé, dit le Juge toujours bienveillant, que vous me rendiez si bon compte de mon cousin Clifford. Il y a bien des années, quand nous étions encore enfants ou adolescents à peine, j’avais pour lui une véritable affection, et ses affaires m’inspirent en-