Aller au contenu

Page:Hawthorne - Contes étranges.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
154
CONTES ÉTRANGES

et elle ne put s’empêcher de faire part de ses impressions à son mari.

— Au bout du compte, lui dit-elle, revenant à sa première idée qu’un ange avait aidé ses enfants dans leur travail, c’est qu’elle ressemble terriblement à cette petite statue de neige… et, Dieu me pardonne, je finis par croire qu’elle est faite de neige.

Une bouffée d’air froid venant frapper l’enfant la fit tressaillir de plaisir.

— Faite de neige, répéta le bon M. Lindsey en poussant la porte de l’appartement, ce n’est pas étonnant qu’elle paraisse faite de neige, elle est à moitié gelée, la pauvre petite ! mais devant un bon feu, elle n’y pensera bientôt plus.

Sans aller plus avant et guidé par les meilleures intentions, le très bienveillant et sensé marchand de fer installa la petite fille de neige, qui semblait de plus en plus triste, dans son confortable parloir. Un poêle d’Heidelberg ronflait et pétillait, bourré jusqu’à la gueule d’une provision de charbon de terre, qui rougissait déjà sa porte de fonte et faisait bouillonner le vase d’eau placé sur la plate-forme pour donner à la chambre l’humidité nécessaire. Le thermomètre du parloir marquait déjà 18 degrés centigrades au-dessus de zéro ; la chaleur était en outre entretenue par un bon parquet de chêne qui remplaçait le carreau dans cette confortable pièce. Bref, la différence de la température avec celle du dehors était à peu près la même que celle qui existe entre la Nouvelle-Zemble et l’Inde équatoriale.

Dans sa sagesse, le brave M. Lindsey jugea qu’il était bon de placer l’enfant auprès du poêle, dont la chaleur et la