Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
146

Le héros la remercia de nouveau, et poursuivit sa route pendant que les jeunes filles se remettaient à leur travail. Il fut pour elles un sujet de conversation longtemps encore après son départ.

« Nous allons préparer les guirlandes les plus brillantes, disaient-elles y pour le couronner à son retour, quand il aura conquis les trois pommes d’or et abattu le dragon aux cent têtes. »

Pendant ce temps-là, Hercule marchait sans relâche, par monts et par vaux, et à travers les forêts les plus solitaires. Parfois il lui arrivait de brandir sa massue et de fendre un chêne centenaire d’un seul coup. Son esprit était si plein de géants et de monstres fatalement condamnés à être combattus par lui, que peut-être prenait-il ce chêne pour un monstre ou pour un géant. Il était si pressé de parvenir au terme de son voyage, qu’il commença à regretter d’avoir passé de longues heures au milieu d’un cercle de jeunes filles, perdant de précieux instants à raconter ses aventures. Mais il en est toujours ainsi des personnes destinées à accomplir de grandes choses. Ce qu’elles ont déjà exécuté est moins que rien à leurs yeux ; la dernière entreprise leur paraît toujours la seule qui mérite leurs efforts et le sacrifice même de leur vie.

Si on l’avait aperçu traversant les bois, on eût été épouvanté des coups dont il renversait les arbres. D’un seul tour de bras il en broyait le tronc comme