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et mille excuses pour l’avoir passablement rudoyé, le héros se remit en route ; il lui survint un grand nombre d’aventures plus étranges les unes que les autres, qui mériteraient votre attention, si j’avais le loisir de vous les rapporter avec autant de détails qu’il le faudrait.

Ce fut dans ce trajet, si je ne me trompe qu’il rencontra un autre géant doué par la nature de la singulière puissance de décupler sa force toutes les fois que son corps touchait la terre. Il s’appelait Antée. Vous devez voir assez clairement que ce n’était pas une petite tâche que d’attaquer un pareil drôle ; car, à chaque croc-en-jambe qu’il recevait, il se relevait dix fois plus robuste et dix fois plus capable d’user de sa vigueur que si son ennemi l’eût laissé tranquille. Plus Hercule lui assénait de coups de massue, plus il paraissait lui-même perdre de chances dans la lutte. J’ai souvent controversé avec des gens pareils, mais jamais combattu. Il ne restait plus à son adversaire qu’un seul moyen ; il l’employa : ce fut de soulever Antée et de le serrer dans ses bras jusqu’à lui faire rendre le dernier soupir.

Après cette rude épreuve, Hercule continua sa course et débarqua en Égypte, où il fut fait prisonnier. Il aurait été mis à mort s’il n’avait tué le roi et brisé ses fers. Ayant franchi les déserts de l’Afrique et marché aussi rapidement que possible, il parvint enfin aux rives du grand Océan ; et là, à