Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
166

savoir ; mais je pense qu’elles devaient être beaucoup plus larges que les miennes ou que celles de ton père, et même que les épaules de n’importe quel homme d’aujourd’hui.

— Je voudrais bien, chuchota Joli-Bois à l’oreille de son cousin, je voudrais bien savoir aussi la grosseur des chênes qui poussaient entre les orteils d’Allas.

— Ces chênes étaient plus gros que le vieux marronnier qui est derrière la maison du capitaine.

— Eustache, dit M. Pringle après un instant de réflexion, il m’est impossible d’exprimer sur cette histoire une opinion qui puisse satisfaire votre amour-propre d’auteur. Croyez-moi, ne touchez plus aux mythes anciens. Votre imagination est toute gothique et fera porter son empreinte à tous les sujets qu’elle essayera de traiter. C’est comme si vous alliez barbouiller de couleur une statue de marbre blanc. Ce géant, par exemple ! Comment avez-vous pu vous aventurer à jeter un colosse informe et disproportionné au milieu des lignes traditionnelles et si pures de la fable grecque, toujours portée à réduire les objets et à faire rentrer dans d’étroites limites l’extravagant même, qu’elle recouvre d’un fini précieux, et d’une suprême élégance ?

— J’ai dépeint le géant comme il m’est apparu, dit Eustache un peu blessé. D’ailleurs, monsieur,