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à se familiariser l’un avec l’autre, dites-moi, je vous prie, comment vous vous appelez.

— Je suis agile, comme vous voyez, répondit le voyageur. Appelez-moi Vif-Argent, ce nom m’ira parfaitement.

— Vif-Argent ! répéta Philémon en le regardant en face, pour s’assurer qu’il ne se moquait pas de lui. C’est un nom bien étrange ; est-ce que celui de votre camarade est tout aussi bizarre ?

— Demandez-le au tonnerre, et il vous l’apprendra ! répliqua Vif-Argent d’un ton mystérieux ; car il n’existe pas de voix assez forte pour le prononcer. »

Sérieuse ou plaisante, cette remarque n’eût pu manquer d’inspirer à Philémon une profonde terreur, si, en jetant un coup d’œil furtif sur les traits de celui qui en était l’objet, il n’y avait rencontré l’expression de la plus grande bienveillance. C’était assurément la plus noble figure qui se fût jamais assise à la porte d’une chaumière. Sa parole grave était si pénétrante et si douce, que Philémon se sentait irrésistiblement poussé à lui ouvrir son cœur. Tel est le sentiment que nous inspire la présence d’un homme assez supérieur pour comprendre nos qualités ou nos défauts, et pour ne pas nous mépriser.

Philémon, lui, simple et généreux, n’avait point de secrets à révéler. Il causait cependant avec abandon des événements de sa vie, pendant laquelle il ne