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humble de leurs semblables, la même affection que s’il était leur frère, dit-il d’une voix qui résonna comme un orgue harmonieux, ils sont indignes d’exister sur la terre, qui a été créée pour servir de demeure commune à toute la race humaine.

— À propos, chers amis, s’écria Vif-Argent du ton le plus railleur et de l’air le plus espiègle, mais où est donc ce village dont vous parliez tout à l’heure ? Je n’en vois pas la moindre apparence. »

Philémon et Baucis tournèrent leurs regards du côté de la vallée où, la veille, au soleil couchant, ils avaient vu les prairies, les maisons, les jardins, les bosquets, la rue large et garnie d’arbres qu’animaient les jeux des enfants ; en un mot, tous les dons de la nature, tous les résultats du travail et de la prospérité. Quel fut leur étonnement ! Plus de village, plus de prairie ! tout avait disparu. À leur place, un lac tranquille et bleu remplissait le vallon qui lui servait de bassin. Les collines y reflétaient leur image avec le même calme que s’il en eût été ainsi depuis la création du monde. Le lac était poli comme une glace ; puis il s’éleva une brise légère qui vint y imprimer quelques rides, faire scintiller les rayons du soleil dans ses vagues émues, et pousser l’eau contre les rives avec un doux murmure.

Cette vue produisit sur les deux vieillards un effet singulier. Il leur parut d’abord que ce lac avait